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Interdiction des vols: mesure sécuritaire ou sanction contre le peuple haïtien ?

Les autorités américaines viennent de prolonger, une nouvelle fois, l’interdiction faite aux compagnies aériennes de desservir Port-au-Prince. Initialement prévue pour prendre fin le 8 septembre 2025, cette mesure restera en vigueur jusqu’au 7 mars 2026, selon la Federal Aviation Administration (FAA).

Cette restriction avait été instaurée après qu’un avion de ligne eut été touché par un projectile il y a plus d’un an. Depuis, aucune amélioration notable de la sécurité n’a été constatée. Le département d’État américain maintient Haïti au niveau 4 d’alerte, le plus élevé, en raison d’une insécurité généralisée. La FAA évoque le contrôle de près de 90 % de la capitale par des groupes armés, un climat marqué par la multiplication des actes de violence et une hausse constante des homicides.

Seuls les appareils pilotés par des détenteurs de licences américaines sont autorisés à survoler l’espace aérien de Port-au-Prince, à condition de ne pas descendre sous les 10 000 pieds. Une tolérance jugée « symbolique » par de nombreux voyageurs, qui dénoncent une situation devenue insoutenable.


Voyages plus longs et plus coûteux

La suspension des vols commerciaux a profondément bouleversé les habitudes de déplacement des Haïtiens. Le coût d’un billet vers l’étranger a doublé, voire triplé selon les destinations, et les itinéraires sont désormais semés d’embûches.

« Je devais me rendre en République dominicaine pour embarquer sur un vol de transit via le Panama afin de rejoindre Ottawa. Je préfère taire la fatigue liée aux heures d’attente, sans compter qu’une fois arrivée au Canada, j’ai dû encore voyager en train pendant 18 heures pour atteindre ma destination finale », témoigne une boursière haïtienne inscrite dans une université canadienne.

Ces récits traduisent le désarroi d’une population contrainte à des périples éprouvants pour étudier, travailler ou simplement rendre visite à ses proches.


Une politique américaine critiquée

Pour certains observateurs, cette décision de la FAA n’est pas uniquement motivée par des considérations sécuritaires. Ils y voient également une conséquence de la politique migratoire américaine, visant à limiter les flux de migrants haïtiens.

Le durcissement est d’ailleurs visible sur le plan diplomatique. Les services consulaires de l’ambassade des États-Unis à Port-au-Prince fonctionnent au ralenti, et la délivrance de visas B1 et B2 a été transférée en République dominicaine. Même les officiels haïtiens sont touchés : l’octroi de visas diplomatiques relatifs à leurs fonctions a été suspendu, ce que des experts qualifient de violation des conventions internationales signées entre les deux pays.


Une économie menacée

Cette prolongation de l’interdiction plonge davantage Haïti dans une autarcie contrainte, à l’heure où le pays traverse une crise socio-économique sans précédent. Le commerce, les échanges universitaires, les relations diplomatiques et les opportunités professionnelles s’en trouvent paralysés.

La reprise des vols commerciaux demeure incertaine et dépendra d’avancées concrètes dans la lutte contre l’insécurité. À défaut, Haïti risque de s’isoler encore davantage, au prix de lourdes conséquences pour une économie déjà exsangue.