Port-au-Prince, le 27 juin 2025 – À l’approche du quatrième anniversaire de l’assassinat du président Jovenel Moïse, survenu dans la nuit du 6 au 7 juillet 2021 en sa résidence privée de Pèlerin 5 (Pétion-Ville), l’ancien Premier ministre Claude Joseph a une nouvelle fois été entendu par la cour d’appel de Port-au-Prince dans le cadre de l’information judiciaire ouverte sur ce magnicide.
Mis en cause dans ce dossier hautement sensible, Dr Claude Joseph a catégoriquement nié toute implication, réitérant devant les magistrats instructeurs sa totale innocence. Lors de son audition, il a enjoint les autorités judiciaires à orienter leurs investigations vers les véritables auteurs intellectuels et commanditaires de cet acte crapuleux.
« Il n’existe aucun élément de preuve établissant un lien entre moi et les inculpés de cette affaire », a martelé l’ancien chancelier haïtien et leader du parti Les Engagés pour le Développement (EDE)»
M. Joseph a également dénoncé ce qu’il qualifie de dérives judiciaires visant, selon lui, à diluer la responsabilité des véritables instigateurs et à effacer la mémoire du président Jovenel Moïse. Il évoque une instrumentalisation de l’appareil judiciaire à des fins politiques, au profit de certains groupes influents.
Selon l’ancien chef de gouvernement, plusieurs figures du secteur privé des affaires, sans évoquer des noms, appuyées par des acteurs politiques, auraient orchestré ce crime pour défendre des intérêts économiques et personnels, au détriment de la nation haïtienne. Il fait ainsi allusion à un vaste réseau de co-auteurs, complices et bénéficiaires collatéraux du complot, dont plusieurs demeurent jusqu’à présent hors de portée de la justice.
Depuis l’ouverture de l’instruction, bien que plusieurs arrestations aient été effectuées et que certains suspects aient été placés en détention préventive, l’enquête judiciaire peine à progresser de manière significative. Ce marasme judiciaire alimente la perception d’une justice sélective, entravée par des pressions politiques et économiques.
De nombreux observateurs nationaux et internationaux dénoncent un manque de volonté politique et un système judiciaire en faillite, où l’état de droit semble relégué au second plan. Le traitement de cette affaire emblématique soulève une inquiétude majeure : si l’assassinat d’un chef d’État en exercice demeure irrésolu, qu’en est-il alors du sort des citoyens ordinaires, confrontés quotidiennement à l’impunité et à la violence ?
À l’aube de ce quatrième anniversaire, les Haïtiens attendent toujours que justice soit rendue. Le non-aboutissement de cette procédure pénale illustre non seulement les failles structurelles du système judiciaire, mais interpelle également sur la nécessité impérieuse d’une réforme profonde de l’appareil judiciaire haïtien, afin de garantir l’indépendance des magistrats et l’effectivité de l’action publique.





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