Port-au-Prince, 6 septembre 2025 — L’utilisation des drones FPV (First Person View) prend de plus en plus d’ampleur dans la lutte que mènent les autorités haïtiennes contre les groupes armés. Conçus initialement pour un usage civil, ces engins équipés de grenades ou de roquettes sont devenus une arme de guerre privilégiée, permettant d’attaquer à distance sans exposer directement les forces de l’ordre.
Selon des sources sécuritaires, plusieurs dizaines de frappes auraient déjà été réalisées par la Task-force, une unité composée de policiers haïtiens et d’experts étrangers opérant sous la supervision du Premier ministre. Avec une portée de près de vingt kilomètres, ces drones kamikazes sont capables de neutraliser rapidement des cibles ennemies.
Leur efficacité, toutefois, demeure controversée. Des spécialistes estiment qu’entre 60 % et 80 % des appareils sont perdus avant d’atteindre leur objectif, en raison de problèmes de pilotage, de brouillage radio ou d’erreurs de manipulation. Plus inquiétant encore, les risques d’atteintes collatérales aux civils suscitent de vives critiques.
Un drame récent est venu accentuer les doutes : le 19 août, à Kenscoff, un drone de la Task-force s’est écrasé accidentellement sur une base de la Police nationale, tuant deux agents et en blessant six autres. Les circonstances exactes de l’incident n’ont pas encore été élucidées, mais il a soulevé une vive polémique autour de la fiabilité de ces armes.
Pourtant, quelques jours plus tard, une opération d’envergure a montré le potentiel destructeur de cette nouvelle stratégie. Le 2 septembre, à Martissant, une série de frappes aériennes menées à l’aide de drones FPV a visé des repaires de gangs lourdement armés. Selon un bilan provisoire, plus d’une dizaine d’individus armés ont été abattus au cours de cette intervention.
Si cette offensive est présentée par les autorités comme un succès majeur dans la lutte contre l’insécurité, les observateurs restent divisés. Certains y voient un outil stratégique incontournable dans un contexte où les forces de l’ordre manquent de moyens lourds. D’autres mettent en garde contre un usage incontrôlé de cette technologie, qui pourrait se retourner contre les institutions ou aggraver les pertes civiles.
À mesure que les drones FPV s’imposent comme un élément central de la riposte sécuritaire, une question persiste : représentent-ils une solution durable pour ramener l’ordre en Haïti ou une menace incontrôlable aux conséquences imprévisibles ?





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