La nouvelle a l’effet d’un coup de tonnerre. Le gouvernement haïtien aurait signé un contrat de dix ans avec la société privée de sécurité Vectus Global, dirigée par Erik Prince, afin de stabiliser le pays. La firme, connue pour ses opérations dans des zones de conflit, aura pour mission de combattre les groupes armés et, si la situation sécuritaire s’améliore, se verra attribuer d’autres responsabilités stratégiques.
Dans une interview accordée à l’agence Reuters, Erik Prince a confirmé l’existence de cet accord. Selon les clauses du contrat, Vectus Global sera chargée de mettre en place un système de collecte d’impôts sur les échanges commerciaux avec la République dominicaine. Autrement dit, le commerce haïtiano-dominicain, évalué à plusieurs centaines de millions de dollars par an, sera exclusivement contrôlé par la société, via un programme de taxation des marchandises importées.
Pour Prince, cette mission va bien au-delà de la sécurité. Les points de passage frontaliers, actuellement dominés par les gangs, représentent un levier majeur pour renflouer les caisses de l’État. La perte de contrôle de ces voies d’accès prive chaque année le Trésor public de revenus considérables, désormais dans le viseur de Vectus Global.
Présente en Haïti depuis mars 2025, la société annonce une intensification des opérations militaires dans les prochaines semaines. Des centaines de spécialistes en armement, venus de plusieurs pays, devraient être déployés aux côtés de la Police nationale d’Haïti et de la force multinationale.
Cependant, le département d’État américain et la Maison-Blanche, contactés par Reuters, ont affirmé n’avoir aucune connaissance d’un tel contrat. Ils assurent n’avoir ni sollicité la société, ni influencé cette décision.
Erik Prince, ancien membre des Navy SEALs, n’en est pas à son premier projet de ce genre. Il a déjà mené des opérations similaires en République démocratique du Congo, échangeant des services de sécurité contre des droits de taxation sur les ressources minières. Reste à savoir si, en Haïti, ce modèle ne risque pas de transférer une part importante près de la moitié des recettes nationales entre les mains d’une société privée étrangère.
Dieunel Bellegarde





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